Faut-il alors s’étonner que dans des temps où l’évolution politique de la Russie semble insaisissable pour de nombreux observateurs, certains aient affirmé que pour la comprendre il fallait lire Dostoïevski, qui lui-même écrivait en 1861
« S’il existe un pays dans le monde qui serait pour d’autres pays, lointains ou voisins, plus inconnu, moins étudié, plus que tous les autres pays incompréhensible et incompris, alors ce pays est sans aucun doute la Russie pour ses voisins occidentaux (…)Pour l’Europe la Russie est l’un des mystères du Sphinx »
Dans un tel contexte cet ouvrage nous invite à découvrir ou redécouvrir la philosophie russe dans sa richesse, à resituer les écrivains et philosophes russes dans leur contexte, et à analyser leur pensée complexe et parfois contradictoire.
Dostoïevski a nourri le panslavisme et développé une pensée messianique. Dans Les Démons, son personnage, Ivan Pavlovicht Chatov, avoue croire moins en Dieu que dans la Sainte Russie. Celle-ci pourrait-elle être celle des va-t-en-guerre ? Que faire de ces phrases prononcées dans des contextes bien différents, mais qui résonnent si violemment à l’heure de la recrudescence des nationalismes ?
La lecture de Dostoïevski, Tolstoï, Chestov, et bien d’autres encore, nous interpelle et nous invite à réfléchir à la question du mal dans notre monde traversé par les conflits. L’auteur de Guerre et paix le clame :
« la quatrième tentation est la division des nations, l’inimitié entre les tribus et les États. Sachez que tous les hommes sont frères et fils d’un seul Dieu, et ne rompez pas la paix avec qui que ce soit au nom des objectifs de la nation. »
Etudes réunis sous la direction de Christine Noël Lemaitre
Préface de Kathy Rousselet
Contributions de Claire Delaunay, Emma Guillet, Françoise Lesourd, Christine Noël Lemaitre, Isabelle Pariente-Butterlin, Ioulia Podoroga, Guilhem Pousson, Kathy Rousselet, Yulia Sineokaya et Florian Tomasi.