Nicolas Dortoman (c. 1530-1590 ?) fut en son temps un médecin célèbre, un savant dont les avis et les diagnostics comptaient aux yeux des grands et aux yeux de ses pairs. Successeur d’Antoine Saporta à la Faculté de médecine de Montpellier (1574), il fut médecin ordinaire de Charles IX, participa à l’autopsie d’Henri III, après son assassinat en 1589,, et fut nommé la même année premier médecin d’Henri IV. S’il est aujourd’hui éclipsé dans les mémoires par d’autres confrères montpelliérains, plus prolifiques tels Arnaud de Villeneuve ou Guillaume Rondelet, c’est sans doute en partie dû au fait qu’il n’a laissé qu’un traité en latin sur les Thermes de Balaruc, à une époque où l’emploi des langues vernaculaires se généralise dans les œuvres médicales. Ce traité révèle pourtant un homme de son temps, un humaniste héritier de l’Antiquité et du Moyen Âge latin.
Les études réunies ici permettent de mieux mesurer l’importance de Dortoman dans l’histoire de Montpellier de la médecine et du thermalisme et de mieux connaître le passé de Balaruc. L’essor thermal à la fin du Moyen Âge, lié à une fréquentation accrue des bains, portée par un souci renouvelé du bien-être corporel et du maintien de la santé, par un retour à un mode de vie antique et par l’émergence de nouvelles pratiques sociales, s’était en effet accompagné dès le XIVe siècle en Italie d’une conception thérapeutique des bains et d’une importante production intellectuelle de traités de balneis, qui devint ainsi un véritable genre littéraire médical dont Dortoman fut un des premiers représentants en France.
Jean Meyers, Professeur de langue et littérature latines, et Brigitte Pérez-Jean, Professeur de langue et littérature grecques, enseignent tous deux à l’université Paul-Valéry.