A partir des années 1820-1830 la France redécouvre Saint-Guilhem-le-Désert tombé dans l’oubli depuis près de cent ans. Grâce aux gravures de Jean-Marie Amelin et de Jean-Joseph-Bonaventure Laurens, sous la plume de Jules Renouvier, Raymond Thomassy et Justin-Séverin Taylor, Saint-Guilhem, outragé par le temps et en partie détruit, recouvre une dignité auprès d’un public national.
Ces premiers regards vont influer sur les façons de voir, de ressentir le lieu. Ils lui confèrent un intérêt qui, à la faveur de l’expansion des transports, des modalités de reproduction des textes et des dessins, et du loisir, va attirer, à la charnière du XIXème et du XXème siècle, un public toujours plus nombreux. Les guides à destination du grand public se multiplient.Ceux signés de l’abbé Léon Vinas ou de François Dezeuze, dit l’Escoutaïre, prennent le relais de ces premières publications pour fournir à ce public un grille de lecture de Saint-Guilhem, de son histoire, de son environnement et de ses habitants.
En ce début du XXème siècle, depuis donc plus de cent ans, ce lieu donné comme « pittoresque », participe des choses à voir et à faire en priorité jusqu’à être inscrit aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais que voient ces regards, qu’est-ce qui les motive et comment ces regards influent-ils sur la chose vue ? Comment Saint-Guilhem est-il affecté par l’image pittoresque que l’on se donne de lui ?
Qu’est-ce qui guide ces guides de Saint-Guilhem depuis deux cents ans et, alors même qu’ils disparaissent, qui guidera les guides?
Comment s’appelle d’ailleurs ce village, s’agit-il de Saint-Guilhem ou de Saint-Guillem, est-il du Désert ou le Désert ?
C’est à ces questions que s’attache ce livre, en confrontant ces regards, en les croisant pour offrir un voyage visuel, avec les dessins et gravures, pour beaucoup inédits, de Amelin, de Laurens, de Dezeuze, les premières photographies et cartes postales, et un voyage parmi la masse d’écrits qu’a suscité Saint-Guilhem depuis plus de deux-cents ans.
Benoît Larbiou